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En février 1973, la chaîne de télévision KCET, à Hollywood (Californie), recherchait de « jeunes » musiciens de bluegrass pour jouer avec Bill Monroe et ses « Blue Grass Boys », dans le cadre d’un programme conçu comme : « Le père du bluegrass et ses fils ». Le violoniste et ancien Blue Grass Boy Richard Greene a contacté quelques amis proches : deux anciens Bluegrass Boys (le banjoïste Bill Keith et le guitariste-chanteur Peter Rowan), le mandoliniste David Grisman et le guitariste Clarence White.

Le plan prévoyait que ces « jeunes » joueraient le premier set, que Bill Monroe et son groupe joueraient le second set et qu’ils clôtureraient le spectacle par une jam session.

Mais comme le bus de Monroe est tombé en panne sur le chemin de l’émission de télévision, le groupe a dû jouer tout le spectacle par ses propres moyens, et ce fut un succès.

Ce succès conduit ce groupe circonstanciel à enregistre un premier album studio, « Muleskinner », dans un style bluegrass progressif innovant, avec des réminiscences de jazz, de country et de folk rock.

Après la mort de Clarence White, les membres de ce premier « supergroupe » ont pris des directions différentes, mais on les retrouve tous plus tard dans la discographie de Bill Keith.

De son côté, Bill Keith joue pour Ian et Sylvia, puis pour Judy Collins.

Plus tard, Bill fait une tournée en Europe avec son vieil ami Jim Rooney, avec qui il enregistre quelques titres sur l’album « Banjo Paris session », dont la première version studio de « Nola » avec Pierre Bensusan à la guitare.

En 1975, Bill Keith et Jim Rooney ont tourné en Europe avec Pierre Bensusan, 18 ans, à la mandoline. Bill a joué du banjo sur l’instrumental de Pierre « Sunday Hornpipe », qui figure sur son premier album : « Près de Paris ». Il a ensuite repris ce morceau sur son album « banjoistics » de 1984.

Le premier album « solo » de Bill Keith : « Something Auld, Something Newgrass, Something Borrowed, Something Bluegrass », a été enregistré en mars 1975 pour Rounder.
C’est un album impressionnant, d’une importance historique. C’est la première fois que David Grisman [mandoline] enregistre avec Tony Rice [guitare].

David Grisman & Tony Rice, Courville Folk Festival 1977

Les autres musiciens étaient Vasar Clements [violon], Tom Gray [basse] et Kenny Koseck [violon, piano]. Jim Rooney chante sur toutes les pistes vocales, à l’exception de « Pain In My Heart », chantée par Al Jones.
Il n’y a pas d’harmonies vocales sur cet album. Il sonne « quelque chose » comme du bluegrass, mais de nombreuses influences sont présentes, du jazz à la musique traditionnelle irlandaise et américaine, adaptées dans le style propre à Bill Keith.

Playlist : Bill Keith « Something Auld, Something Newgrass, Something Borrowed, Something Bluegrass »

En janvier 1976, presque la même équipe a contribué au premier album « solo » de David Grisman sur Rounder.

Le groupe d’accompagnement comprend : Bill Keith, Tony Rice et Vassar Clements comme auparavant, et en plus : Jerry Douglas [dobro], Buck White [2° mandoline] et Ricky Skaggs [2° violon et chant principal ou ténor]. Todd Phillips à la basse.

Contrairement à l’album de Bill, DG Rounder est avant tout un album orienté bluegrass (avec des harmonies vocales, des chansons de Bill Monroe, etc.), mais il laisse entrevoir la percée que Grisman était sur le point de faire avec sa « Dawg acoustic music » (par exemple avec l’Opus 38).